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L'état de la Marine royale canadienne

Le Vam Angus Topshee, commandant de la MRC
LE CPL CONNOR BENNETT

L'état de la Marine royale canadienne

Voici la transcription d'une vidéo diffusée le 27 novembre par le vice-amiral Angus Topshee, commandant de la Marine royale du Canada (MRC). Cliquez ici pour voir le message vidéo.

Chers collègues et camarades, 

La MRC est actuellement confrontée à de très sérieux défis qui pourraient signifier que nous ne parviendrons pas à respecter nos engagements en matière de posture et de préparation des forces en 2024 et au-delà.

La situation est grave, mais nos problèmes ne sont pas uniques, et je sais que l'armée de l'air et l'armée de terre sont confrontées à des défis similaires.

Historiquement, nous avons relevé tous les défis, et je suis convaincu que nous trouverons un moyen de surmonter cette situation. Lorsque j'ai pris mes fonctions, j'ai défini trois priorités : les personnes, les plateformes et la préparation au combat. Ces priorités restent les miennes.

Les hommes sont le cœur et l'âme de notre force navale. L'histoire nous apprend que ce sont les meilleurs marins, et non les meilleurs navires, qui gagnent en mer. La MRC se trouve dans une situation critique, de nombreuses professions connaissant des pénuries de 20 % et plus. La raison en est simple. Malgré tous ses efforts, le GRFC (Groupe de recrutement des Forces canadiennes) n'a pas fourni à la MRC le nombre de recrues dont elle a besoin depuis plus de dix ans. 

Bien que notre taux d'attrition soit généralement bon, un MarTech nous quitte tous les deux jours. Notre flotte de la côte ouest souffre d'une pénurie de techniciens qualifiés, ce qui limite notre capacité à entretenir et à exploiter nos navires et nous pousse à donner la priorité à la classe Halifax au détriment de la classe Kingston. Les difficultés rencontrées pour former des techniciens pour la classe Harry DeWolf signifient que nous ne pouvons naviguer qu'avec un seul navire à la fois pour l'instant. La préparation de l'équipage complet du premier JSS d'ici 2025 est un défi considérable, mais nous ne pouvons pas échouer et nous ne le ferons pas. 

C'est pourquoi la première priorité de la MRC est d'attirer, de recruter et de former des marins jusqu'au point fonctionnel professionnel afin de maintenir notre effectif formé à son niveau actuel. Nous n'atteindrons peut-être pas cet objectif cette année, et nous ne l'atteindrons pas l'année prochaine, mais nous devons absolument commencer à augmenter nos effectifs.

C'est pourquoi nous avons lancé le programme d'expérience navale en avril dernier. Quatre-vingt-dix-huit candidats sont inscrits et 400 sont en cours de recrutement, ce qui permet de répondre à l'exigence de la MRC de 1 200 nouveaux inscrits cette année et chaque année par la suite. Le PEN présente d'autres avantages. Il a incité les divisions de la réserve navale à recruter pour la force régulière. Le nombre de candidats potentiels aux centres de recrutement qui ont posé des questions sur la Marine a triplé, et nous enrôlons trois fois plus de membres des minorités visibles et de Canadiens autochtones que d'habitude grâce au PEN. Cela a obligé la MRC à mieux gérer l'ensemble de son personnel dans la liste de formation de base, ce qui commence à améliorer l'expérience de tous les stagiaires.

Nous n'avons pas d'autre choix que de changer, et alors que nous entreprenons la plus grande recapitalisation en temps de paix de notre histoire, c'est l'occasion idéale de réimaginer l'ensemble de notre modèle de ressources humaines.

À cette fin, la MRC a lancé une analyse complète visant à remodeler toutes nos professions et à définir le modèle d'équipage optimal pour nos navires. Il s'agit de respecter nos engagements opérationnels, de former des marins qualifiés et de mettre en place un établissement durable. Il s'agit d'une entreprise de grande envergure, avec des décisions clés qui doivent être prises au cours des deux prochaines années. En ce qui concerne les plates-formes, je n'ai le temps de parler que des navires de combat de surface, mais tous les jours de mer sont importants pour former suffisamment de marins prêts à aider à diriger et, surtout, à combattre.

Les frégates de la classe Halifax sont et resteront nos seuls navires de combat de surface pendant au moins les 15 prochaines années. Pourquoi ? Parce que nous ne pouvons pas retirer la classe Halifax tant que nous n'aurons pas au moins quatre navires de combat de surface canadiens certifiés pour les opérations. Nous avons fait de grands progrès au cours de l'année écoulée grâce à des décisions difficiles visant à donner la priorité au calendrier plutôt qu'à la capacité initiale, et je suis convaincu que les premiers navires de CSC seront livrés au début de la prochaine décennie. Il s'agit d'un navire extrêmement complexe, et il faudra deux à trois ans de tests et d'essais pour s'assurer qu'il fonctionne suffisamment bien pour déployer le premier navire, et des années supplémentaires pour en avoir suffisamment pour soulager le fardeau de la classe Halifax. Nous devons donc trouver un moyen de maintenir la classe Halifax en service au moins jusqu'en 2040.

Étant donné qu'ils ont atteint leur durée de vie théorique de 30 ans et que les 12 sont absolument nécessaires pour respecter les engagements du Canada vis-à-vis de l'OTAN et de la stratégie indo-pacifique, il s'agit d'un défi considérable et c'est la raison pour laquelle la MRC consomme une part aussi importante des fonds d'approvisionnement nationaux. J'aimerais qu'il en soit autrement, mais je crains qu'il n'y ait tout simplement pas d'autre choix.

Ces navires jouent un rôle essentiel en veillant à ce que les marins conservent les compétences de base uniques en matière de combat qui ne peuvent être développées, exercées, pratiquées et utilisées qu'à bord de navires de combat de surface. Les navires de la classe Halifax d'aujourd'hui formeront les équipages des navires de guerre de demain. Il n'y a pas d'autre voie. 

Nous avons reçu quatre de nos six patrouilleurs arctiques et extracôtiers, et les deux derniers seront livrés en '24' et '25 respectivement. La semaine dernière, le NCSM Harry DeWolf a livré la Coupe Grey à Hamilton avec la famille de son homonyme à bord. Comme tous les nouveaux navires, ils ont connu des problèmes de démarrage, mais je peux vous assurer que les NPEA dépassent les attentes et améliorent la valeur de la stratégie nationale de construction navale.

Le premier navire de soutien sera livré en 25' et le second suivra en '27. Enfin, nous avons lancé le projet de sous-marin de patrouille canadien afin de remplacer notre classe Victoria par un sous-marin commercial au milieu des années 30.

J'en viens maintenant à ma troisième et dernière priorité : être prêt à combattre. Les fonctions navales essentielles sont la diplomatie, la dissuasion et la défense. Nous représentons le Canada à l'étranger et démontrons notre engagement envers l'ordre international fondé sur des règles. La dissuasion est le produit d'une capacité crédible communiquée de manière claire et cohérente en mer.

Tout cela est étayé par la volonté d'utiliser la force meurtrière pour défendre notre nation et ses intérêts maritimes. Les navires de guerre sont uniques dans leur capacité à s'adapter immédiatement à de nouvelles tâches ou à entreprendre des missions entièrement nouvelles sans avoir besoin de nouveaux équipements, de nouveaux équipages ou d'une nouvelle formation. Pour ce faire, il faut pouvoir compter sur les meilleurs éléments, soutenus par une culture diversifiée, innovante et ouverte à tous, où chacun a la possibilité de donner le meilleur de lui-même et de se sentir partie prenante de notre réussite commune. Cette culture n'est pas un simple slogan, c'est un appel à l'action, un engagement à servir avec détermination et fierté. 

Malgré la tempête que nous traversons actuellement, je sais que l'avenir de la Marine est prometteur et je ne pourrais être plus fière de servir au sein de cette grande institution canadienne. Mais surtout, je tiens à remercier chacun d'entre vous pour tout ce qu'il fait pour soutenir la Marine royale du Canada. Sans vous, nous ne pourrions pas réussir.