
Chronique de l’aumônier: Un rythme de repos, de réflexion et de recentrage
Par le Ltv Phil Sung,
Aumônier, BFC Halifax
La vie dans les Forces armées canadiennes est trépidante. Entre les responsabilités au travail et à la maison, il est facile de mettre le repos de côté. Mais avec le temps, j’ai appris à considérer le « sabbat », c’est-à-dire le repos, non seulement comme une observance religieuse, mais aussi comme un rythme nécessaire dans la vie. C’est un moment qui m’invite à m’arrêter, à respirer et à me rappeler ce qui compte le plus.
Dans mon parcours d’aumônier, le sabbat est devenu un espace pour réfléchir au passé, me ressourcer dans le présent et réorienter mes objectifs pour l’avenir. Ce rythme m’a aidé non seulement à survivre aux périodes chargées, mais aussi à les traverser avec plus de clarté et de paix.
Réflexion sur le passé
Chaque semaine apporte son lot de victoires et de défis. Il est facile de passer d’une tâche à l’autre sans jamais regarder en arrière. Mais le sabbat me donne l’occasion de faire une pause et de me demander : Que s’est-il passé cette semaine ? En quoi ai-je progressé ? Que dois-je encore apprendre ?
La réflexion nous aide à donner un sens à notre vie. Elle nous permet de remarquer des moments de grâce, d’apprentissage et de connexion qui, autrement, pourraient nous échapper. Que nous venions d’un milieu religieux ou que nous ayons une autre vision du monde qui nous aide à comprendre le sens de notre vie, ce moment de réflexion hebdomadaire nous permet de garder les pieds sur terre et d’être conscients de notre propre parcours.
Se reposer dans le présent
Le repos ne consiste pas seulement à arrêter de travailler, c’est aussi un moyen de se renouveler. Dans la vie militaire, où la préparation est essentielle, le repos peut parfois sembler un luxe inaccessible, mais nous avons tous besoin d’espace pour respirer. Le véritable repos sabbatique nous invite à être pleinement présents à l’instant, à nous-mêmes et à nos pensées les plus intimes, à abandonner le poids de la performance et à nous rappeler que notre valeur ne dépend pas de ce que nous accomplissons, mais de qui nous sommes.
Pour moi, le sabbat peut prendre la forme d’une promenade tranquille, d’un moment passé avec ma famille ou de la lecture des textes sacrés de ma tradition religieuse — non pas pour préparer un sermon ou enseigner, mais simplement pour me nourrir spirituellement. Ces gestes simples me rappellent que je ne suis pas une machine, mais un être humain avec des besoins profonds de repos et de grâce.
Se recentrer pour l’avenir
Enfin, le sabbat est un moment pour se recalibrer. Cela m’aide à prendre du recul et à me demander : Suis-je toujours sur la bonne voie ? Est-ce que je vis en accord avec mes valeurs les plus profondes ?
Cet espace de recentrage m’empêche de sombrer dans des schémas malsains. Il me rappelle que le succès ne se mesure pas seulement à ce que je produis, mais aussi à ce que je deviens.
Quelles que soient nos croyances, la pratique du sabbat peut offrir un rythme de vie significatif. C’est une pause au milieu de toutes nos activités, qu’elle ait lieu une fois par semaine ou à d’autres moments, qui nous permet de réfléchir, de nous reposer et de nous recentrer, afin de pouvoir retourner à notre travail, à notre famille et à nos responsabilités avec une force et une clarté renouvelée. Dans un monde qui ralentit rarement, prendre un sabbat peut être un acte simple mais essentiel de recul et de renouveau — et dont beaucoup d’entre nous pourraient bénéficier.