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« Chacune de ces pièces raconte une histoire »
Un regard approfondi sur la dernière exposition du Musée naval de Halifax
Par Joanie Veitch,
L'art naval est une tradition de longue date qui ne se contente pas de retracer l'histoire des navires et des batailles, mais qui témoigne également des hommes, de leurs sacrifices et de leurs histoires. La nouvelle exposition du Musée naval d'Halifax, intitulée « Les pigments de la mer : capturer des moments et des souvenirs de la marine », met ces histoires à l'honneur.
L'art naval est une tradition de longue date qui ne se contente pas de retracer l'histoire des navires et des batailles, mais qui témoigne également des hommes, de leurs sacrifices et de leurs histoires. La nouvelle exposition du Musée naval d'Halifax, intitulée « Les pigments de la mer : capturer des moments et des souvenirs de la marine », met ces histoires à l'honneur.
C'est en voyant certaines œuvres de Bennett que l'idée de cette nouvelle exposition m'est venue, a déclaré Jennifer Gamble, conservatrice au Musée naval d'Halifax.
« Elles m'ont immédiatement interpellée. Ses œuvres nous font réfléchir à la perte – tant de personnes ont perdu la vie – et nous rappellent qu'il y a bien plus que les faits d'une bataille particulière. Il y a eu d'énormes sacrifices sur le plan personnel. »
L'ancien directeur du musée, aujourd'hui directeur émérite, Richard Sanderson, a mis en lumière certaines des histoires qui se cachent derrière les œuvres d'art lors de son discours à la réception d'ouverture de l'exposition. Citons par exemple l'origine de Trawlers off Halifax Harbour, une lithographie d'Arthur Lismer, membre du célèbre Groupe des Sept. L'œuvre représente des chalutiers de classe Castle peints d'un camouflage éclatant. À l'époque, Lismer était directeur de l'École d'art et de design de Victoria (aujourd'hui le Collège d'art et de design de la Nouvelle-Écosse) et était fasciné par ces navires aux couleurs vives. Déterminé à les dessiner, il s’est plusieurs fois heurté aux restrictions de la sécurité portuaire. Finalement, il a écrit à la National Gallery pour demander de l'aide. Eric Brown, alors directeur de la galerie et figure clé du Comité consultatif des artistes de guerre canadiens, lui répondit en nommant Lismer artiste de guerre officiel pendant la Première Guerre mondiale. Lismer a ensuite réalisé plusieurs œuvres inspirées par la guerre.
« Chacune de ces pièces raconte une histoire, et il y a toujours une histoire derrière l'histoire », a déclaré Sanderson.
La sélection des œuvres exposées parmi les plus de 300 œuvres d'art de la collection du musée a pris plusieurs mois. Il a fallu déballer les objets entreposés afin de déterminer ceux qui correspondaient aux thèmes généraux et ceux qui pouvaient matériellement s’intégrer dans l'espace disponible au deuxième étage du musée. L'objectif était de présenter une histoire chronologique de la Marine royale canadienne tout en mettant en valeur une variété de médias artistiques. L'exposition comprend des aquarelles, des peintures à l'huile, des croquis au fusain, des lithographies, des photographies et bien plus encore.
« Nous avons tellement d'œuvres d'art dans notre collection que nous aurions facilement pu doubler la taille de l'exposition. Il n'a donc pas été facile de faire un choix », a déclaré Sanderson en jetant un coup d'œil autour de la galerie. « J'aurais aimé que l'exposition occupe tout l'espace, du sol au plafond, mais on m'a rappelé que ce n'était tout simplement pas possible. Je pense que nous avons finalement trouvé le bon équilibre. »
« L'art est un merveilleux moyen de parler des événements sans avoir recours aux mots », a-t-il ajouté.
La plupart des œuvres de la collection du musée sont conservées dans les rayonnages situés au sous-sol de l’Édifice de l'Amirauté. Certaines sont prêtées à d'autres galeries et musées, tandis que d'autres sont exposées dans des bureaux et des bâtiments de la base des Forces canadiennes d'Halifax et du chantier naval de Sa Majesté.
« Notre collection est si riche et si variée que nous aurions facilement pu consacrer une exposition uniquement aux aquarelles ou aux huiles, mais nous avons décidé de mettre en valeur la diversité des techniques utilisées », explique Gamble.
Outre des représentations de navires au combat, telles que HMS Shannon in Battle with USS Chesapeake (Le HMS Shannon en bataille avec l'USS Chesapeake) et HMCS Assiniboine Sinking the German Submarine U-210 (Le NCSM Assiniboine coulant le sous-marin allemand U-210) de l'artiste halifaxien Tom Forrestall, l'exposition comprend une photographie de Yousef Karsh représentant Adelaide Sinclair, commandante du Service féminin de la Marine royale canadienne, ainsi qu'une lithographie du caricaturiste et illustrateur halifaxien Bob Chambers intitulée In the Public Gardens (Dans les jardins publics), représentant un marin américain, un marin de la MRC et un aviateur de l'Aviation royale canadienne assis sur un banc dans les jardins publics d'Halifax.

L'une des plus petites pièces de l'exposition est une carte de visite, un type de carte postale très populaire dans les années 1860, représentant l’Édifice de l'Amirauté.
« Elle a été trouvée dans un marché aux puces aux États-Unis, en Alabama », explique Gamble. « L'homme qui l'a trouvée avait visité Halifax et l'a reconnue, alors il nous a contactés. Il l'a achetée pour quelques centimes. » Le personnel du musée pense que la carte postale a pu arriver en Alabama pendant la guerre de Sécession, lorsque Halifax était considérée comme un territoire neutre et accueillait de nombreux visiteurs confédérés.
« Les cartes postales de ce type étaient imprimées pour aider les gens à s'orienter dans la ville », explique Gamble. « L’Édifice de l'Amirauté était sans doute un point de repère important dans les années 1860, nous pensons donc qu'elle a pu être utilisée par un visiteur confédéré qui l'a rapportée chez lui. C'est l'histoire la plus plausible pour expliquer comment elle s'est retrouvée là-bas. »
L'exposition a ouvert ses portes le 23 mai avec une réception au musée et se tiendra jusqu'au 31 décembre. Un guide écrit est à la disposition des visiteurs et un audioguide sera bientôt disponible.