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La campagne de lutte contre la pauvreté menstruelle se déroulera en mai  

La campagne de lutte contre la pauvreté menstruelle se déroulera en mai  

Par Kim Roberge
Coprésidente civile, l’OCFD Halifax 

La BFC Halifax, la 12e Escadre Shearwater et l'Organisation consultative des femmes de la Défense (OCFD) ont donné le coup d'envoi à leur campagne annuelle de lutte contre la pauvreté menstruelle à l'appui de Feed Nova Scotia.  

Chaque mois de mai, en reconnaissance du Mois de l'hygiène menstruelle (le 28 mai est la Journée internationale de l'hygiène menstruelle), des boîtes sont distribuées dans plusieurs bâtiments de la base et des produits menstruels neufs et non ouverts peuvent y être déposés. Tampons, serviettes hygiéniques, sous-vêtements menstruels, coupes diva et lingettes sont quelques-uns des articles qui sont normalement donnés. Nous sommes impatients de connaître une nouvelle année de succès, en nous efforçant de collecter encore plus que la campagne de l'année dernière, qui nous a permis de livrer plus de 25 000 produits aux personnes dans le besoin. 

Les groupes consultatifs de femmes de la défense sont présents dans toutes les bases du pays et ont pour mission d'aider les cadres supérieurs et le personnel du MDN et des FAC à créer un environnement de travail plus équitable et à améliorer les perspectives de carrière en identifiant les problèmes systémiques et en donnant des conseils sur les politiques à mettre en œuvre. Nous sommes un moyen pour les femmes civiles et militaires d'avoir accès à un groupe de défense qui veille à ce qu'elles soient incluses dans les politiques et les initiatives. L'organisation est composée de coprésidentes militaires et civiles aux niveaux national et régional. L'OCFD ne s'adresse pas seulement aux femmes, mais à tous ceux qui veulent avoir un impact positif. La BFC Halifax et la BFC Shearwater comptent ensemble 200 membres bénévoles qui font partie de ce groupe incroyable, et le nombre de membres continue d'augmenter. 

Au Canada, la pauvreté menstruelle reste un problème pressant qui affecte la santé et la dignité des femmes et des jeunes filles dans tout le pays. Malgré les progrès constants en matière d'égalité des sexes, l'accès aux produits menstruels reste inégal, de sorte que de nombreuses personnes n'ont pas les moyens de se procurer les articles essentiels ou n'y ont pas accès. Parmi les adultes âgés de 18 à 70 ans, le Canada se classe dans la moitié inférieure des pays étudiés en ce qui concerne le soutien de la société à parler ouvertement des menstruations. 

Des études récentes révèlent des statistiques alarmantes. Selon Plan International Canada, une Canadienne sur trois âgée de moins de 25 ans a eu du mal à s'offrir des produits menstruels. Ces contraintes financières les obligent souvent à faire des sacrifices pour acheter des produits menstruels ou à utiliser des matériaux improvisés comme du papier hygiénique, des chaussettes, voire du papier journal, de vieux chiffons ou des bâtons de coton, ce qui présente des risques pour la santé et porte atteinte à la dignité. Le problème ne se limite pas à l'accessibilité financière : les communautés autochtones, les régions isolées et les groupes marginalisés sont confrontés à des difficultés accrues en raison de l'accès limité aux magasins et aux ressources. Les habitants des régions isolées peuvent s'attendre à payer près du double par rapport à leurs homologues des régions plus peuplées. Une personne sur cinq (22 %) rationne ou utilise des produits plus longtemps qu'elle ne le devrait parce qu'elle n'a pas les moyens de payer davantage. Cette proportion atteint 33 % chez les personnes dont le revenu du ménage est inférieur à 50 000 dollars et 48 % chez les autochtones. 

En outre, la stigmatisation qui entoure la menstruation exacerbe le problème, conduisant au silence et à la honte qui limitent encore plus l'accès au soutien. Des études ont montré que 45 % des Canadiens pensent que les règles rendent les gens plus faibles. 

Reconnaissant l'urgence de s'attaquer à la pauvreté menstruelle, diverses initiatives ont vu le jour. Des groupes de défense, des organisations à but non lucratif et des programmes gouvernementaux se sont mobilisés pour fournir des produits menstruels aux personnes dans le besoin. Certaines villes, comme Vancouver et Halifax, ont pris des mesures progressives en mettant en place des programmes de fourniture gratuite de produits menstruels dans des espaces publics tels que les bibliothèques et les centres communautaires. Les conseils scolaires de tout le pays ont tous mis en place une forme d'accès gratuit à ces produits pour les élèves. Des alliances ont été conclues avec des entreprises comme Shoppers Drug Mart, mais elles ne seront valables que si le gouvernement continue à les soutenir. Par exemple, les conseils scolaires de l'Ontario craignent actuellement ce qui se passera lorsque leur contrat arrivera à échéance à la fin de l'année 2024. 

Ces efforts soulignent la nécessité d'un changement systémique. Les appels à des réformes politiques visant à classer les produits menstruels parmi les articles de première nécessité, et donc à les exonérer de la taxe sur les ventes, ont gagné du terrain. En outre, une éducation complète sur la santé menstruelle et des initiatives de déstigmatisation sont essentielles pour favoriser la compréhension et l'empathie.  

Malheureusement, l'éducation menstruelle n'est pas aussi répandue qu'on pourrait le croire. 58 % des jeunes filles perdent confiance en elles à la puberté et l'apparition de leurs règles marque le point le plus bas de leur confiance en elles à l'adolescence. Aujourd'hui encore, certaines jeunes filles ne sont pas préparées à l'évolution de leur corps, 79 % des adolescentes estimant qu'elles n'ont pas reçu d'éducation adéquate en matière de santé menstruelle. À l'autre extrémité du spectre, on constate un manque d'éducation similaire concernant la périménopause et la ménopause au cours des dernières années de la vie. 

Alors que le Canada s'efforce d'atteindre l'égalité des sexes, la lutte contre la pauvreté menstruelle constitue un défi majeur. Garantir l'accès universel aux produits menstruels, c'est non seulement défendre les droits et la dignité des femmes et des jeunes filles, mais aussi faire progresser l'engagement du pays en faveur de l'égalité et de la justice sociale.