L’universalité du sacrifice
Par Fardous Hosseiny,
Président et chef de la direction
Institut Atlas pour les vétérans et leur famille
À l'approche du Jour du souvenir, je me pose une nouvelle question cette année : « Qui oublions-nous dans le Souvenir? »
Ici, au Canada, nous savons que plus de 118 000 braves soldats ne sont pas rentrés chez eux auprès de leurs proches au cours de la brève histoire de notre pays. Les huit Livres du Souvenir du Canada, qui contiennent les noms des Canadiens qui ont sacrifié leur vie au service de notre pays, sont actuellement exposés dans Centre d’accueil des visiteurs de la Colline du Parlement, dans la Salle du Souvenir.
Anciens Combattants Canada et la Commonwealth War Graves Commission veille à l’entretien de plus de 300 000 stèles funéraires et lieux de sépulture de membres des Forces armées canadiennes ici et un peu partout dans le monde, même si leur mort n’est pas directement attribuable à leur service militaire. Il est particulièrement important de savoir qu’il existe un tel programme, surtout si l’on considère que certains ont été laissés à l’abandon ou qu’il n’y a plus de parent vivant pour assurer leur entretien, et ainsi maintenir ces lieux de sépulture au fil du temps.
Que ces personnes reposent dans les Flandres, à Bény-sur-Mer, à Beechwood ou à dans des lieux non marqués aux quatre coins du monde, la bravoure règne à ces endroits. Leur vie et leur service doivent être honorés.
Au-delà de ces chiffres, nous sommes de plus en plus conscients qu’un certain nombre de personnes ne sont pas prises en compte dans ce bilan : celles qui ont perdu la vie en raison des blessures psychologiques résultant de leur service. Au fur et à mesure que les conversations au sujet de la santé mentale deviennent plus franches et ouvertes et que l’on reconnaît que les blessures psychologiques sont de véritables répercussions du militaire, lorsque nous perdons un retraité militaire (ou un militaire en service actif) au suicide, la question que de nombreuses personnes se posent actuellement est : comment honorer leur vie de façon officielle?
À l’Institut Atlas pour les vétérans et leur famille, les commentaires que nous recevons de notre communauté attestent que les blessures psychologiques ne sont pas différentes des blessures physiques que les vétérans subissent et qu’elles doivent être traitées en conséquence. Les personnes qui en sont atteintes vivent les mêmes répercussions et ne sont pas moins héroïques que celles mortes en uniforme. Nous pouvons faire cette déclaration sans équivoque et nous tenir aux côtés de nos vétérans et des membres de leur famille le 11 novembre pour honorer leurs proches qui sont morts en service ou après celui-ci en raison des blessures subies. Nous sommes heureux de constater que, cette année, le titre de Mère nationale de la Croix d’argent (ou de la Croix du Souvenir) a été décerné à une femme qui a perdu ses deux fils en raison des répercussions du trouble de stress post-traumatique.
En élargissant nos pratiques de commémoration pour inclure tous les types de blessures, nous avons l'occasion de devenir des leaders dans la défense d'une reconnaissance globale des sacrifices des vétérans et d'étendre cette reconnaissance à des actes quotidiens de sensibilisation, de soutien et d'éducation sur les réalités complexes du service militaire.
Nous pourrions aller de l’avant avec un regard nouveau : le service est le service, le sang des héros ne s’efface jamais et notre souvenir de chacun d’entre eux devrait persister de façon égale, peu importe la nature de leurs blessures.