En souvenir du vol 111 de Swissair : Le Lcol (retraité) Shawn Williamson
Par Anciens Combattants Canada
Le lieutenant-colonel (retraité) Shawn Williamson apporte un canif suisse rouge partout où il va.
Les mots « Swissair » et « Merci » figurent respectivement au recto et au verso.
Il s’agit d’un cadeau de la compagnie aérienne. Elle a offert ce petit témoignage de reconnaissance aux personnes qui ont participé aux efforts de récupération après l’accident du vol 111 de Swissair.
Pendant son service, Shawn était un instructeur de vol pour les hélicoptères Sea King et opérateur de systèmes de combat aérien à la retraite qui a effectué des vols pendant 32 ans sur les deux côtes canadiennes. Il a aussi été l’une des premières personnes à voir l’épave de l’avion lorsque le soleil s’est levé sur Peggy’s Cove le matin après l’écrasement dans l’océan de l’avion de ligne, à 22 h 31 le 2 septembre 1998, avion qui transportait 229 personnes.
Il était basé au 406e Escadron Shearwater lorsqu’il a reçu l’appel, à minuit, indiquant qu’un avion de ligne commercial s’était peut-être écrasé. Il était à la base aérienne à 3 h et dans son hélicoptère à 5 h.
Ce matin-là, lui et les quatre membres de son équipage ont senti l’odeur présente sur le site de l’écrasement avant de constater ce dernier. Cette forte odeur provenait du carburéacteur que les pilotes avaient essayé de déverser au-dessus de l’océan dans l’espoir de réussir un atterrissage d’urgence à l’aéroport international d’Halifax. Aux premières lueurs du jour, leur Sea King a percé une épaisse couche de brume et de brouillard, le laissant voir l’un des premiers aperçus aériens du vaste et triste champ de débris. « Nous ne savions pas ce que nous allions voir », se rappelle-t-il.
« J’étais stupéfait par la dévastation. Nous avons commencé à fouiller le champ de débris, à la recherche de personnes. Il est rapidement devenu évident qu’il ne s’agissait pas d’une mission de recherche et de sauvetage, mais d’une mission de récupération. »
Il se souvient de feuilles de papier, des centaines et des centaines de feuilles qui flottaient parmi de nombreux morceaux de l’avion, des effets personnels et des restes humains.
Son équipe et lui ont utilisé un détecteur d’anomalies magnétiques pour chercher le métal sous l’eau. L’objectif était de localiser les plus gros morceaux de l’épave, mais c’était impossible à ce stade. Pendant que Shawn dirigeait, le pilote a abaissé l’hélicoptère à un vol stationnaire de 40 pieds et deux opérateurs sonar sont descendus dans l’épave à l’aide d’un câble de sauvetage de 100 pieds. Lorsque les deux hommes ont été ramenés à l’hélicoptère, leurs vêtements étaient imbibés de carburéacteur et ils avaient ramassé l’une des roues de l’avion et quelques sièges.
« Nous avons appelé la Division des opérations. Nous leur avons dit que nous avions des pièces de l’avion, de l’ADN et des restes humains à bord », a-t-il déclaré. À bord, le Lcol Williamson et l’équipage n’ont cessé de se parler pour s’assurer qu’ils allaient bien. « Cette situation et la conscience de l’ampleur de l’accident, de la dévastation, de la perte de vies humaines, il aurait été facile de commencer à ne pas bien aller pendant le vol », se rappelle-t-il.
Ils ont atterri dans un carrefour d’activités à Shearwater et ont reçu l’ordre de mettre ce qu’ils avaient trouvé dans des sacs en plastique transparents à l’intérieur d’un camion réfrigéré. Toute la nuit, des pêcheurs locaux et des équipages de navires militaires ont rapporté des restes. « Le camion réfrigéré était déjà plein », a-t-il déclaré.
Au cours des huit semaines suivantes, 228 échantillons d’ADN ont été identifiés avec certitude grâce à la reconnaissance de caractéristiques connues, aux dossiers dentaires et à la vérification de l’ADN. Il y avait une paire de jumeaux identiques à bord, ce qui explique pourquoi seules 228 des 229 victimes ont été identifiées grâce à l’ADN.
Le personnel responsable de la gestion du stress dû à un incident critique était présent à Shearwater dès le premier matin, apportant son soutien à toutes les personnes impliquées dans le processus extrêmement difficile de récupération et d’identification. « Le personnel est arrivé dès le début et toutes les personnes ayant participé à l’opération Persistence ont eu la possibilité d’être soutenues », a mentionné le Lcol Williamson.
« Il m’a semblé surréaliste d’être impliqué dans un accident aussi horrible et d’imaginer ce qui s’était passé, et le fait qu’il n’y aurait pas de survivants… On ne s’habitue jamais vraiment à ce genre de choses. Rien ne vous prépare vraiment à ce genre de mission. C’est quelque chose qu’aucun d’entre nous n’oubliera jamais. »