Rencontrez le Matc Stéphane Guay, C.D., célébration d’une carrière impressionnante de 43 ans (et ce n’est pas fini) !
Par le Ltv Jonathan Lacasse
Cela faisait plusieurs années depuis notre dernière rencontre, et c’est le genre de choses qui arrive souvent dans la vie des marins. On tisse des liens à travers les équipages et au fil du temps, puis on s’éloigne et se retrouve au gré des marées.
C'est avec surprise que j'ai rencontré le matelot-chef Stéphane Guay lors d'une cérémonie au cours de laquelle il a reçu la troisième agrafe de sa décoration des Forces canadiennes. Un moment rare, car peu de camarades d’armes peuvent se vanter d’avoir cumulé autant de miles marins et d’expériences au sein de notre organisation.
Je l'admets, j'étais impressionné. Plus notre carrière avance, plus nous réalisons les efforts et les sacrifices que cela implique. Après la cérémonie, j’ai eu le privilège de discuter avec le Matc Guay au Mess de SFC Leitrim, j’étais curieux d’en apprendre davantage sur son parcours.
Voici quelques extraits de notre enrichissante conversation.
Quelle année as-tu rejoint les FAC, Stéphane?
J'ai intégré la réserve navale le 29 juin 1981, au NCSM Montcalm à Québec, en tant que traceur radariste. En 1984, ce métier a été rebaptisé NCIOP. N'étant pas vraiment passionné par le métier, j'ai changé pour celui de manœuvrier en 1986. À cette époque, je faisais partie de la réserve pour financer mes études et vivre des aventures maritimes chaque été. Cela m’a permis d’étudier l’Histoire, la Géographie et l’Enseignement à l’université.
As-tu connu les années des « gate vessels » ?
J’ai passé plusieurs étés à Halifax sur différentes classes de navires, notamment le Porte St-Jean et le Porte St-Louis, l’Anticosti, le Rallye et le Rapid, ainsi que le Nipigon et l’Algonquin. J’ai eu l'occasion de visiter de nombreux ports du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse, ainsi que de naviguer le long de la côte est américaine. J'ai même exploré la côte ouest sur des navires comme le Porte de la Reine et le Porte Dauphine; de précieux souvenirs.
As-tu des anecdotes salées et mémorables?
Haha, il y en a effectivement quelques-unes ! Je me souviens d'un été en tant que bosco (buffer) sur le Porte St-Louis et le St-Jean, où notre commandant était particulièrement discret, préférant rester dans sa cabine en mer. Mais, quand on passait près de la porte de sa cabine, des bruits étranges laissaient deviner que personne n’est à l’abri du mal de mer !
Quels ont été tes moments forts en service?
Enseigner aux recrues et dispenser des formations de premiers secours. Au fil des années, j’ai eu l’opportunité d’enseigner et de former plusieurs membres au secourisme, former également les instructeurs et même les maître-instructeurs. Mon implication dans les premiers soins m’a permis d'être admis au sein de l'Ordre de Saint-Jean. En décembre 2022, j'ai eu l'honneur de recevoir une Mention élogieuse de l'Ordre de Saint-Jean, remise par le médecin général le MGen Marc Bilodeau.
En 1992, j'ai eu l'honneur de faire partie de la première édition de la Compagnie Franche de la Marine, où j'étais responsable de la sécurité, du transport et d'autres tâches connexes. C'était intense, mais tellement gratifiant de pouvoir participer à ces événements où les marins arboraient les uniformes d'époque et donnaient des spectacles pour rencontrer le public. Après avoir été instructeur pour trois cours de recrues, j'ai brièvement été en 1994 à l’ERFC St-Jean, avant d'avoir l'opportunité de naviguer dans les Caraïbes, une période inoubliable !
D’autres moments marquants : j’ai œuvré aux normes pour l'école des recrues à la CFB Borden, j'ai enseigné les premiers soins, ainsi que le CBRN.
Au cours de ma carrière, j’ai été instructeur pour 13 pelotons de recrues, dont deux à titre de commandant de peloton. J’ai également été instructeur pour 13 cours de PLQ et 3 cours de ILQ. Ma dernière position dans la réserve navale a été gestionnaire de carrière pour le BTL, où j'ai géré la carrière de plus de 1000 membres.
Sur 43 années de service, on peut dire qu’il y a eu beaucoup d’eau qui a coulé sous les ponts !
Quels ont été les moments les plus difficiles de ton parcours?
Le déménagement de ma famille à Kingston pendant ma formation à Borden, coïncidant avec le décès de mon père. Ca été une période particulièrement éprouvante. J'ai également dû faire face à des défis en tant que francophone évoluant dans un milieu majoritairement anglophone.
Qu’est-ce qui t’a poussé vers ton métier actuel ?
Après 28 ans dans la réserve navale, j'ai choisi de transférer vers la Force régulière. J'ai passé deux ans en tant qu'officier de l’entraînement (TDO), et en 2013, j'ai transféré spécialiste SIGINT (renseignement d'origine électromagnétique). Dans ce métier, j'ai eu l'opportunité de déployer en Europe dans le cadre de l'opération Réassurance à bord du NCSM Charlottetown. Six mois en mer et sur le vieux continent!
Si ma mémoire est bonne, tu as lancé ta propre entreprise de montage de médailles à travers tout ça, n’est-ce pas?
Mon entreprise s'appelle « Sailor Court Mount Medals ». J'ai commencé à monter des médailles lorsque le tailleur de la base a cessé de le faire. Les membres de mon unité cherchaient un endroit pour faire le montage de leurs médailles. J'ai commencé avec un montage simple de quatre médailles. Après quelques essais qui ne me satisfaisaient pas, j'ai finalement réussi à atteindre ce que je voulais. Depuis, j'ai beaucoup appris en démontant et remontant. Ça fait maintenant plus de 20 ans que j’ai le privilège de faire ça pour les membres de la régulière, de la Réserve, Cadets et même les vétérans et la GRC.
Navires canadiens de Sa Majesté
La dernière question que j’ai posée à Stéphane concernait les navires sur lesquels il a navigué. Stéphane a fait partie des équipages du: NCSM Nipigon, PLB Captor, NCSM Porte St-Louis, NCSM Porte St-Jean, NCSM Porte Dauphine, NCSM Porte de la Reine, NCSM Porte Québec, NCSM Rally, NCSM Rapid, NCSM Anticosti, NCSM Algonquin, NCSM Préserver, et NCSM Charlottetown.
En conclusion, je dois reconnaître que j’étais déjà impressionné par le CD3, mais après notre conversation, j’apprécie encore plus l’engagement, le courage et la résilience dont Stéphane a fait preuve au fil des ans.
Bravo Zulu Stéphane, et félicitations à toi et à ta famille pour cette carrière exceptionnelle !
