Commodore Laraine Orthlieb : Vers l’élimination des obstacles et l’inspiration du changement
Par le lieutenant de vaisseau John Foster et le sous-lieutenant Joel Breton
Dans le contexte de l’histoire militaire canadienne, certaines personnes se démarquent comme des pionnières qui ont brisé des plafonds de verre et ouvert la voie pour les générations futures. La commodore (à la retraite) Laraine Orthlieb est l’une de ces personnes. Comme elle a récemment fêté son 85e anniversaire, c’est un moment opportun pour revenir sur ses contributions extraordinaires à la Marine royale canadienne et à l’impact durable qu’elle a laissé sur la communauté grâce à sa participation au Musée naval.
Le cheminement de la Cmdre Orthlieb pour devenir la première femme de la Réserve de la Marine royale canadienne promue au grade de commodore s’est échelonné sur toute une vie de réalisations remarquables. Née en 1938 à Saint John, au Nouveau-Brunswick, elle a grandi à une époque où les rôles homme-femme étaient profondément enracinés. Pourtant, dès son plus jeune âge, la Cmdre Orthlieb se montrait résolument déterminée à se libérer des normes conventionnelles qui cherchaient à limiter ses ambitions.
Bien qu’elle se soit enrôlée pour la première fois dans la Marine comme infirmière en 1959, elle a choisi d’élever une famille et de travailler comme infirmière autorisée civile — jusqu’en 1974, année où elle s’est enrôlée de nouveau dans la Réserve navale. Elle a ensuite effectué un reclassement dans un métier connu sous le nom de « contrôle naval de la navigation maritime », car elle espérait aller en mer. Elle était loin de se douter que ce désir serait l’une des premières étapes d’un important changement de carrière. Lorsqu’on lui a posé la question, la Cmdre Orthlieb se souvient d’une situation qui démontre sa volonté de repousser les limites qui étaient fermement établies à l’époque :
« Un de mes premiers souvenirs est celui où j’ai appris que la formation en mer avait été annulée, car il n’y avait pas suffisamment de marins. Au fil des ans, j’ai demandé à maintes reprises d’aller en mer. On m’a toujours dit que les femmes n’étaient pas aptes à aller en mer dans la marine. J’ai proposé au commandant (cmdt) que les femmes du NCSM Tecumseh puissent s’ajouter à l’équipage. Le cmdt lui a répondu que c’était impossible. L’une des nombreuses raisons qu’il a mentionnées était que les femmes ne pouvaient pas dormir à bord d’un navire. J’ai donc demandé des fonds au mess des matelots. Il est venu à notre rescousse et a donné des fonds pour l’hébergement de nuit à terre.
J’ai élaboré un plan détaillé, et après plusieurs tentatives pour convaincre le commandant, il a convenu que les femmes pourraient s’ajouter à l’équipage. Nous savions que si nous ne faisions pas bonne figure, nous ne pourrions plus jamais en avoir l’occasion. Les autres femmes et moi avons fait un excellent travail à bord du navire! C’était le début; la première expérience d’avoir enfin la possibilité d’aller en mer. »
Sa détermination et sa volonté de se surpasser lui ont valu des niveaux de responsabilité plus élevés. En 1983, 24 ans après son enrôlement, elle a pris le commandement du Navire canadien de Sa Majesté (NCSM) Tecumseh, une division de la Réserve navale (DRN) basée à Calgary, en Alberta. Cette nomination était historique, car elle a été la première femme à assumer un rôle de leadership de haut niveau au sein du NCSM Tecumseh.
Le mandat de la Cmdre Orthlieb à titre de commandante du NCSM Tecumseh de 1983 à 1987 a été marqué par un engagement envers l’excellence et une passion pour la promotion de l’inclusion. Sous sa direction, la DRN a progressé, atteignant de nouveaux niveaux de professionnalisme et d’état de préparation. Cette excellence a été soulignée. En 1985, le NCSM Tecumseh a remporté le prix de la meilleure division de la Réserve navale. Il a remporté le prix pour avoir fait preuve d’excellence à la fois au niveau de la direction et à tous les niveaux inférieurs. Son dévouement envers les fiers hommes et femmes sous son commandement lui a valu le respect et l’admiration de ses collègues, mettant ainsi la barre élevée pour les futurs dirigeants.
L’élimination des obstacles n’a pas été sans difficulté. La Cmdre Orthlieb a fait face au scepticisme et à la résistance en cours de route, mais sa détermination inébranlable et ses compétences ont fait taire les sceptiques. Son ascension dans les grades a envoyé un message clair : le sexe ne devrait jamais empêcher une personne de réaliser son plein potentiel. Comme preuve de sa détermination, elle a été promue au grade de commodore en 1989, devenant ainsi la première femme à occuper le poste d’officier général dans la Marine royale canadienne.
Au-delà de sa brillante carrière navale, la Cmdre Orthlieb a contribué à la préservation du riche patrimoine maritime canadien. Elle a joué un rôle de premier plan dans la création du Musée naval de l’Alberta, un élément essentiel du complexe des musées militaires à Calgary, en Alberta. Sa passion pour l’histoire navale et sa volonté de la partager avec le public ont contribué à faire du musée une réalité.
Le Musée naval de l’Alberta est un trésor d’artefacts, d’histoires et de souvenirs pour souligner l’histoire navale du Canada. C’est un endroit où les visiteurs peuvent explorer le passé maritime du pays et se familiariser avec les sacrifices de ceux qui ont servi dans la Marine royale canadienne. La vision de la Cmdre Orthlieb et ses efforts inlassables ont fait en sorte que cette institution rend hommage en permanence au patrimoine naval canadien.
Le cheminement de la commodore (à la retraite) Laraine Orthlieb témoigne de sa détermination et de sa capacité à surmonter les obstacles. Son esprit pionnier a ouvert la voie à d’innombrables femmes et hommes qui aspirent à diriger dans l’armée canadienne. Son héritage est gravé non seulement dans l’histoire de la Réserve de la Marine royale canadienne, mais aussi dans le cœur de ceux qui ont eu le privilège de servir sous son commandement et de ceux qui ont le Musée naval .
Alors que nous célébrons son 85e anniversaire, reconnaissons et honorons l’esprit indomptable de la commodore (à la retraite) Laraine Orthlieb, pionnière, leader et gardienne du patrimoine naval canadien. Son histoire nous rappelle que le courage, le dévouement et une vision avant- gardiste peuvent changer le cours de l’histoire.
